mardi 11 février 2014

En prison dans ma tête...

Je ne suis pas allée au travail aujourd'hui, enfin plutôt si j'ai fait la moitié du chemin et puis demi tour
Quand le corps se mets à trembler, que la respiration est saccadée, que la tête ne sert plus à rien si ce n'est envoyer un signal qu'un terrible danger est sur le point d'arriver, que faire ?

Fête de la musique il y a très longtemps, j'avais 20 ans, Paris les jardins du sacré-coeur, beaucoup de monde attend la prestation des Urban Sax, je vais bien, je ne suis pas seule mais à la première note de musique tout à basculé dans un cauchemar...
Je me suis levée, j'ai couru le plus vite que j'ai pu vers les camions du samu, j'allais mourir ...

Quelques semaines plus tard, un neurologue de l'Hôtel Dieu a dit "vous partez en Chine ou vous vous allongez sur un divan".
Je souffre, j'ai peur dans le métro, dans le bus, je vais de pharmacie en pharmacie...
Et je m'allonge chez un psychanalyste : à 20 ans !
Pendant des mois, 3 fois par semaine je vais parler toute seule
Très vite les crises s'espacent et disparaissent, ouf !!

10 ans de répit à peu près, et puis  ça recommence, j'ai dans mon sac un tube de Lexomil, je retourne voir la psy, mais cette fois ça ne fonctionne pas..
Mais je suis vivante, je travaille, j'ai des amis, je sors jusqu'à un malaise dans un restau avec les copines, elles m'emmènent aux urgences de l'hôpital le plus proche. Je suis prise en charge par une interne très cool qui me conseille de rencontrer une femme extraordinaire à Sainte Anne.

Je suis donc folle ?
Non, atteinte d'un genre d'agoraphobie, la thérapie comportementale et cognitive fait son trou en France.
Soit ! Allons-y et ça fonctionne plutôt bien, mais j'ai demandé ma mutation pour Perpignan (la famille, le changement d'air)!
Arrêt de la thérapie, le seul psy qui pratique ici est un con ! On s'engueule et il m'envoie vers un confrère.
Victime de harcèlement au travail, loin de mes amies, malgré de la famille qui ne comprends pas très bien pourquoi je ne me mets pas tout simplement un coup de pied au cul, je tombe dans le piège infernal
"Mais ma petite dame vous n'êtes pas agoraphobe mais bipolaire, je vais vous donner des supers médocs et tout ira bien"
30 kg en 1 an, joli résultat !
Entre temps j'ai eu mon bébé
Mais dès l'accouchement passé, le psy vient me voir à la maternité pour que je reprenne les potions magiques....
Le temps passe, je ne travaille plus : congé longue maladie, le père de mon fils est parti ... (no comment!)
Changement de psy : "mais ma p'tite dame vous n'êtes pas bipolaire, sensible oui, agoraphobe, oui, je peux peut-être vous soulager avec des supers médocs"

Je ne sors plus, faire 100 mètre est un calvaire...
Et puis ça va un peu mieux, un tout petit peu mieux...
Je reprends le travail, difficilement et puis de mieux en mieux...
Mon amoureux retrouve ma trace sur copain d'avant... je ne suis plus celle qu'il a connu à la fac... quoique son premier souvenir c'est moi lui demandant de m'accompagner dehors et de me précipiter sur le tube de Lexomil. Mais c'est un amour, nous nous aimons et il me comprend sans juger.

Bref, les années ont passé. Quand je regarde les gens dans la rue qui marchent, ça me fait mal...
Je ne sors pas de mon quartier, je ne vais pas à la mer, à la montagne, je ne vais pas au ciné, au restau,...
Je suis en prison dans ma tête !

15 commentaires:

  1. Je te comprends, je ne suis pas agoraphobe, mais phobique sociale, une autre forme d'anxiété sociale. Je fais une thérapie de puis un peu plus de 2 ans, enfin plutôt 2 je vois 2 psy: un plutôt analytique et l'autre comportementaliste. J'ai fait un groupe d affirmation de soi, je suis sur la bonne voie, je diminue mon traitement depuis la rentrée. Mais pareil, des fois, quand je ne vais pas bien moralement, j'ai tendance à me couper du monde, à m'isoler, à craindre le jugement des autres de nouveau, les critiques... Bref on ne se débarrasse pas si facilement des ses "démons", le combat est difficile. J'ai la chance d'avoir rencontrer des personnes super à mon travail qui m'ont compris,soutenu, qui m apprenne à m'approcher bref qui m'aide dans mon long chemin vers la guérison. Je te souhaite de rencontrer des personnes qui te comprennent, un bon thérapeute et de pouvoir un peu sortir de ta propre prison. Courage

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    1. Je te remercie beaucoup . Je suis heureuse que tu aies trouvé les bonnes personnes, c'est important.
      Merci :-)

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    2. Bonjour Miss CAROLINE, je me permets de te répondre car j'ai vécu cette mauvaise aventure depuis 2000, je ne pouvais plus aller travailler, quelquefois mon compagnon m'accompagnais au travail. J'ai mené une vie de dingue, ça m'a pourri la vie. Et je me suis dis, il faut que je lutte, mon fils avait huit ans. je ne pouvais pas sortir seule de peur d'avoir une crise, un malaise vertigineux, j'ai aussi été hospitaliser le temps que la crise passe, ça m'a pris d'un coup, quelque fois pendant six mois un an, j'ai rien et puis de nouveau sans savoir pourquoi la boule au ventre, picotement, et voilà c'est reparti, J'ai continu à faire comme si rien n'était, j'ai mon portable sur moi au cas j'appelle, mais je ne me suis pas enfermer car c'est le pire que tu peux faire, au contraire après tu peux plus sortir. Petit à petit les crises s'estompent; il faut quand même bouger, vivre ta vie, ça diminuera. Tu peux pas faire autrement de toute façon. J'ai rencontré des spy, j'ai assisté à des réunions de gens qui ont des phobies, ça m'a pris la tête et j'ai laissé tomber. J'ai fait des examens et je n'ai rien, les oreilles, ils ont tout épluchés. Je n'ai rien, il faut faire avec. Courage tu vas t'en sortir crois moi.

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    3. Je te remercie pour ton témoignage et tes encouragements, merci :-)

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  2. Tu es très belle mon amour, je t'aime.

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  3. Bon courage ! Faire du sport d'endurance peut qqfois aider à combattre l'anxieté. Je te souhaite également de trouver un bon thérapeute comportementaliste.

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  4. C'est exactement ce que le toubib a dit : marcher, courir, nager... quant au thérapeute si il habite juste en face de chez moi :-))) Je te remercie.

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  5. Rho ben alors !! Toi qui a l'air si sociable !! Je suis désolée, ça doit être très dur à vivre, surtout si tu as eu des périodes sans ça... C'est étrange, y-a-t-il un élément déclencheur ?
    L'angoisse peut-elle être combattue par du sport en plein air dans un lieu isolé qui te défoulerait et te détendrait ? J'imagine que ce serait trop simple...
    Courage, tâtonne, trouve ton équilibre : Ca vaut le coup♥

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  6. @misscarolyne, consulte ce lien http://www.deploie-tes-ailes.org
    Il va t'aider ;-)
    Continue de tenir la tête haute, c'est la bonne posture. Il y a une fin à la phobie :-)

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  7. J'en étais à votre stade à un moment donné, je voulais juste exprimer mon soutien. C'est toujours dur de voir que personne ne comprend, qu'on ne sait pas si ça va un jour s'arrêter, et qu'on a tellement peur de pousser la porte de la maison... Je vais tenter les séances d'hypnose prochainement pour dégager tout ça si possible, car je n'ai pas envie d'aller voir un psy "pour parler toute seule" ! Courage courage !

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  8. Un article très touchant j'imagine pas combien ça doit être très difficile de vivre comme cela...
    Je te conseille de tenir un journal intime et qu'à chauqe fois, tu as un truc sur le coeur, tu y écris dedans. J'écris d'ailleurs tous les soirs dedans, ça m'apaise, ça me libère de mon mental, de mes émotions, écrire est extrêmement libérateur.
    Après, je n'ai pas d'étude de psycho ou autre mais je pense qu'une phobie quelle qu'elle soit doit sûrement venir d'un traumatisme dans l'enfance... Tu devrais peut-être te replonger dans tes souvenirs, le plus loin possible et voir ce qui t'a tellement traumatisé et qui t'a créé cette phobie.
    Quand tu trouveras la source, dès que tu en auras conscience, rien que le fait de savoir d'où ça vient, tu commenceras déjà à guérir un peu... Puis, tu travailleras sur ce traumatisme et là, tu avanceras de plus en plus vers la guérison.
    Je te souhaite un très bon courage, je suis sûre qu'avec force et courage, tu réussiras à t'en débarrasser.

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    1. Je te remercie. J'ai vu quelqu'un hier et je crois que le travail que nous allons faire va m'aider. J'y crois en tout cas. Merci :-)

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